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cuse-t-elle depuis que tu as approché pour la dernière fois de la table sainte ?

MARIE.

Mon âme a été remplie d’une haine envieuse et des pensées de vengeance s’agitoient dans mon sein. Pécheresse, j’implorois le pardon de Dieu, et je ne pouvois pardonner à mon ennemie.

MELVIL.

Te repens-tu de cette faute, et ta résolution sincère est-elle de pardonner à tous avant que de quitter ce monde ?

MARIE.

Aussi vrai que j’espère la miséricorde de Dieu.

MELVIL.

N’est-il point d’autre tort que tu doives te reprocher ?

MARIE.

Ah ! ce n’est pas la haine seule qui m’a rendue coupable, j’ai encore plus offensé le Dieu de bonté par un amour criminel : ce cœur trop vain s’est laissé séduire par un homme sans foi, qui m’a trompée et abandonnée.