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WALSTEIN, ET MARIE STUART.

le charge de ses derniers adieux pour tout ce qui lui fut cher.

« Je bénis, lui dit-elle, le roi très-chrétien mon beau-frère, et toute la royale famille de France ; je bénis mon oncle le cardinal et Henri de Guise, mon noble cousin ; je bénis aussi le Saint-Père, pour qu’il me bénisse à son tour, et le roi catholique qui s’est offert généreusement pour mon sauveur et vengeur. Ils retrouveront tous leur nom dans mon testament ; et de quelque foible valeur que soient les présents de mon amour, ils voudront bien ne pas les dédaigner. »

Marie se retourne alors vers ses serviteurs, et leur dit : « Je vous ai recommandé à mon royal frère de France ; il aura soin de vous, il vous donnera une nouvelle patrie. Si ma dernière prière vous est sacrée, ne restez pas en Angleterre. Que le cœur orgueilleux de l’Anglais ne se repaisse pas du spectacle de votre malheur : que ceux qui m’ont servie ne soient pas dans la poussière. Jurez-moi par l’image du Christ que, dès que je ne serai plus, vous quitterez pour jamais cette île funeste. »

(Melvil le jure au nom de tous.)

La reine distribue ses diamants à ses femmes,