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DE LA LITTÉRARURE ET LES ARTS

galeries de tableaux et de collections de dessins qui supposent l’amour des arts dans toutes les classes. Il y a chez les grands seigneurs et les hommes de lettres du premier rang de très-belles copies des chefs-d’œuvre de l’antiquité ; la maison de Goethe est à cet égard fort remarquable ; il ne recherche pas seulement le plaisir que peut causer la vue des statues et des tableaux des grands maîtres, il croit que le génie et l’âme s’en ressentent. — J’en deviendrais meilleur, disoit-il, si j’avois sous les yeux la tête du Jupiter Olympien que les anciens ont tant admirée. — Plusieurs peintres distingués sont établis à Dresde ; les chefs-d’œuvre de la galerie y excitent le talent et l’émulation. Cette Vierge de Raphaël, que deux enfants contemplent, est à elle seule un trésor pour les arts : il y a dans cette figure une élévation et une pureté qui est l’idéal de la religion et de la force intérieure de l’âme. La perfection des traits n’est dans ce tableau qu’un symbole ; les longs vêtements, expression de la pudeur, reportent tout l’intérêt sur le visage, et la physionomie, plus admirable encore que les traits, est comme la beauté suprême qui se manifeste à travers la beauté terrestre. Le Christ que sa mère tient dans ses bras