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LES CRITIQUES A. W. ET F. SCHLEGEL

sent inséparables, et ils s’appliquent à tout ce qui pourroit diriger dans ce sens les esprits et les âmes. W. Schlegel exprime son admiration pour le moyen âge dans plusieurs de ses écrits, et particulièrement dans deux stances dont voici la traduction :

« L’Europe étoit une dans ces grands siècles, et le sol de cette patrie universelle étoit fécond en généreuses pensées qui peuvent servir de guide dans la vie et dans la mort. Une même chevalerie changeoit les combattants en frères d’armes : c’étoit pour défendre une même foi qu’ils s’armoient ; un même amour inspiroit tous les cœurs, et la poésie qui chantoit cette alliance exprimoit le même sentiment dans des langages divers.

Ah ! la noble énergie des âges anciens est perdue : notre siècle est l’inventeur d’une étroite sagesse, et ce que les hommes foibles ne sauroient concevoir n’est à leurs yeux qu’une chimère ; toutefois rien de divin ne peut réussir entrepris avec un cœur profane. Hélas ! nos temps ne connoissent plus ni la foi, ni l’amour ; comment pourroit-il leur rester l’espérance ! »

Des opinions dont la tendance est si marquée