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HERDER

peuple, ses mœurs, les pensées dont il étoit capable, les images qui lui étoient habituelles, sont indiquées par Herder avec une étonnante sagacité. À l’aide des rapprochements les plus ingénieux il cherche à donner l’idée de la symétrie du verset des Hébreux, de ce retour du même sentiment ou de la même image en des termes différents dont chaque stance offre l’exemple. Quelquefois il compare cette brillante régularité à deux rangs de perles qui entourent la chevelure d’une belle femme. « L’art et la nature, dit-il, conservent toujours une importante uniformité à travers leur abondance. » À moins de lire les psaumes des Hébreux dans l’original, il est impossible de mieux pressentir leur charme que par ce qu’en dit Herder. Son imagination étoit à l’étroit dans les contrées de l’occident ; il se plaisoit à respirer les parfums de l’Asie, et transmettoit dans ses ouvrages le pur encens que son âme y avoit recueilli.

C’est lui qui le premier a fait connoître en Allemagne les poésies espagnoles et portugaises ; les traductions de W. Schlegel les y ont depuis naturalisées. Herder a publié un recueil intitulé Chansons populaires ; ce recueil contient les romances et les poésies détachées où sont em-