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DE LA LITTÉRARURE ET LES ARTS

les anciens. Les idées générales ont chez les Anglais plus d’importance que les individus. En Italie le seul Machiavel, parmi les historiens, a considéré les événements de son pays d’une manière universelle, mais terrible ; tous les autres ont vu le monde dans leur ville : ce patriotisme, quelque resserré qu’il soit, donne encore de l’intérêt et du mouvement aux écrits des Italiens[1]. On a remarqué de tout temps que les mémoires valoient beaucoup mieux en France que les histoires ; les intrigues des cours disposaient jadis du sort du royaume, il étoit donc naturel que dans un tel pays les anecdotes particulières renfermassent le secret de l’histoire.

C’est sous le point de vue littéraire qu’il faut considérer les historiens allemands ; l’existence politique du pays n’a point eu jusqu’à présent assez de force pour donner en ce genre un caractère national aux écrivains. Le talent particulier à chaque homme et les principes généraux de l’art d’écrire l’histoire ont seuls influé sur les productions de l’esprit humain dans cette carrière. On peut diviser, ce me semble, en trois

  1. M. de Simondi a su faire revivre des intérêts partiels des républiques italiennes en les rattachant aux grandei questions qui intéressent l’humanité toute entière.