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DES ROMANS.

deux basilics étincelants étoient placés devant ses portes redoutables.

J’avançai parmi la foule des ombres inconnues, sur qui le sceau des vieux siècles étoit imprimé ; toutes ces ombres se pressoient autour de l’autel dépouillé, et leur poitrine seule respiroit et s’agitoit avec violence ; un mort seulement, qui depuis peu étoit enterré dans l’église, reposoit sur son linceul ; il n’y avoit point encore de battement dans son sein, et un songe heureux faisoit sourire son visage ; mais à : l’approche d’un vivant il s’éveilla, cessa de sourire, ouvrit avec un pénible effort ses paupières engourdies ; la place de l’œil étoit vide, et à celle du cœur il n’y avoit qu’une profonde blessure ; il souleva ses mains, les joignit pour prier ; mais ses bras s’alongèrent, se détachèrent du corps, et les mains jointes tombèrent à terre.

Au haut de la voûte de l’église étoit le cadran de l’éternité ; on n’y voyoit ni chiffres ni aiguilles, mais une main noire en faisoit le tour avec lenteur, et les morts s’efforçoient d’y lire le temps.

Alors descendit des hauts lieux sur l’autel une figure rayonnante, noble, élevée, et qui