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DE LA LITTÉRARURE ET LES ARTS

vous fait rire, parce qu’il excite en vous la sympathie, et que vous reconnoissez un semblable et un ami dans tout ce qu’il éprouve. On ne peut rien extraire des écrits de Claudius, son talent agit comme une sensation, il faut l’avoir éprouvée pour en parler. Il ressemble à ces peintres flamands qui s’élèvent quelquefois à représenter ce qu’il y a de plus noble dans la nature, ou à l’Espagnol Murillos qui peint des pauvres et des mendiants avec une vérité parfaite, mais qui leur donne souvent, même à son insçu, quelques traits d’une expression noble et profonde. Il faut, pour mêler avec succès le comique et le pathétique, être éminemment naturel dans l’un et dans l’autre ; dès que le factice s’aperçoit, tout contraste fait disparate : mais un grand talent plein de bonhomie peut réunir avec succès ce qui n’a du charme que sur le visage de l’enfance, le sourire au milieu des pleurs.

Un autre écrivain plus moderne et plus célèbre que Claudius s’est acquis une grande réputation en Allemagne par des ouvrages qu’on appelleroit des romans, si une dénomination connue pouvoit convenir à des productions si extraordinaires. J. Paul Richter a sûrement plus d’esprit qu’il n’en faut pour composer un ouvrage qui inté-