dire l’écrivain qui raconte, avec impartialité, les arguments que le sort peut donner pour et contre chaque manière de voir. —
On auroit tort cependant de se figurer que ce scepticisme soit inspiré par la tendance matérialiste du dix-huitième siècle ; les opinions de Goethe ont bien plus de profondeur, mais elles ne donnent pas plus de consolations à l’âme. On aperçoit dans ses écrits une philosophie dédaigneuse qui dit au bien comme au mal : — cela doit être, puisque cela est ; — un esprit prodigieux qui domine toutes les autres facultés, et se lasse du talent même, comme ayant quelque chose de trop involontaire et de trop partial ; enfin, ce qui manque surtout à ce roman, c’est un sentiment religieux, ferme et positif : les principaux personnages sont plus accessibles à la superstition qu’à la croyance : et l’on sent que dans leur cœur la religion, comme l’amour, n’est que l’effet des circonstances et pourroit varier avec elles.
Dans la marche de cet ouvrage l’auteur se montre trop incertain ; les figures qu’il dessine et les opinions qu’il indique ne laissent que des souvenirs vacillants ; il faut en convenir, beaucoup penser conduit quelquefois à tout ébranler