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LA LITTÉRATURE ET MES ARTS

même, qu’on n’a plus qu’à dire amen à tout. On a pris les situations de cette pièce dans un drame français ; mais elles sont attribuées à des personnages inconnus ; et Grotius ni le prince d’Orange n’y sont nommés. C’est très-sagement fait, car il n’y a rien dans l’allemand qui convienne spécialement au caractère de ces deux hommes tels que l’histoire nous les représente.

Jeanne de Montfaucon étant une aventure de chevalerie de l’invention de Kotzebue, il a été plus libre que dans toute autre pièce de traiter le sujet à sa manière. Une actrice charmante, Mad. Unzelmann, jouoit le principal rôle ; et la manière dont elle défendoit son cœur et son château contre un chevalier discourtois faisoit au théâtre une impression très-agréable. Tour à tour guerrière et désespérée, son casque ou ses cheveux épars servoient à l’embellir ; mais les situations de ce genre prêtent bien plus à la pantomime qu’à la parole, et les mots ne sont là que pour achever les gestes.

La Mort de Rolla est d’un mérite supérieur à tout ce que je viens de citer ; le célèbre Shéridan en a fait une pièce intitulée Pizarre, qui a eu le plus grand succès en Angleterre ; un mot à la fin de la pièce est d’un effet admirable. Rolla,