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LA LITTÉRATURE ET LES ARTS


FAUST.

Plus bas, plus bas ; tu éveilleras la garde par tes cris.

MARGUERITE se jette à genoux.

Qui t’a donné, barbare, cette puissance sur moi ? Il n’est que minuit : pourquoi viens-tu déjà me chercher ? Aie pitié de mes larmes, laisse-moi vivre encore : demain matin, n’est-ce pas assez tôt ? (Marguerite se relève.) Je suis pourtant si jeune, si jeune ; et dois-je déjà mourir ? J’étois belle aussi : c’est ce qui a fait ma perte. Mon ami étoit alors près de moi : il est maintenant bien loin. Les fleurs de ma guirlande sont dispersées. Ne me prends pas la main avec tant de violence. Ménage-moi. Ne me laisse pas pleurer en vain. Jamais, jusqu’à ce jour, je ne t’ai vu.

FAUST.

Comment supporter sa douleur !

MARGUERITE.

Je suis tout-à-fait en ton pouvoir. Seulement laisse-moi allaiter mon enfant ; je l’ai pressé sur mon cœur toute la nuit. Ils me l’ont ôté pour m’affliger. N’ont-ils pas prétendu que je l’avois tué ? Jamais je ne redeviendrai ce que