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FAUST

prouve l’égarement de son esprit ; les paroles de cette chanson sont très-vulgaires, et Marguerite étoit naturellement pure et délicate. On peint d’ordinaire les folles comme si la folie s’arrangeoit avec les convenances et donnait seulement le droit de ne pas finir les phrases commencées, et de briser à propos le fil des idées ; mais cela n’est pas ainsi : le véritable désordre de l’esprit se montre presque toujours sous des formes étrangères à la cause même de la folie, et la gaieté des malheureux est bien plus déchirante que leur douleur.

Faust entre dans la prison : Marguerite croit qu’on vient la chercher pour la conduire à la mort.

MARGUERITE, se soulevant de son lit de paille,
s’écrie
 :

Ils viennent ! ils viennent ! Oh ! que la mort est amère !

FAUST, bas.

Doucement, doucement, je vais te délivrer.

(Il s’approche d’elle pour briser ses fers.)

MARGUERITE.

Si tu es un homme, mon désespoir te touchera.