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LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

n’importe. Le sentiment est tout, les noms ne sont qu’un vain bruit, une vaine fumée qui obscurcit la clarté des cieux. » —

Ce morceau, d’une éloquence inspirée, ne conviendroit pas à la disposition de Faust, si dans ce moment il n’étoit pas meilleur, parce qu’il aime, et si l’intention de l’auteur n’avoit pas été, sans doute, de montrer combien une croyance ferme et positive est nécessaire, puisque ceux même que la nature a faits sensibles et bons n’en sont pas moins capables des plus funestes égarements quand ce secours leur manque. Faust se lasse de l’amour de Marguerite comme de toutes les jouissances de la vie ; rien n’est plus beau, en allemand, que les vers dans lesquels il exprime tout à la fois l’enthousiasme de la science et la satiété du bonheur.




FAUST, seul.

« Esprit sublime ! Tu m’as accordé tout ce que je t’ai demandé. Ce n’est pas en vain que tu as tourné vers moi ton visage entouré de flammes ; tu m’as donné la magique nature pour empire, tu m’as donné la force de la sen-