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COMTE D’EGMONT
CLARA.

Dans quel lieu ! sous le ciel, dont la voûte magnifique sembloit s’incliner avec complaisance sur la tête d’Egmont quand il paroissoit, Conduisez-moi dans sa prison, vous connoissez la route du vieux château, guidez mes pas, je vous suivrai. » — Brackenbourg entraîne Clara chez elle, et sort de nouveau pour s’informer du comte d’Egmont : il revient ; et Clara, dont la dernière résolution est prise, exige qu’il lui raconte ce qu’il a pu savoir. —

« Est-il condamné ? s’écrie-t-elle.

BRACKENBOURG.

Il l’est je n’en puis douter.

CLARA.

Vit-il encore ?

BRACKENBOURG.

Oui.

CLARA.

Et comment peux-tu me rassurer ! la tyrannie tue dans la nuit l’homme généreux, et cache son sang aux yeux de tous. Ce peuple accablé repose et rêve qu’il le sauvera ; et, pendant ce temps, son âme indignée a déjà quitté ce ce monde. Il n’est plus, ne me trompe pas ; il n’est plus.