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GUILLAUME TELL

ler descendre de la montagne. Une malheureuse femme dont il fait languir le mari dans les prisons se jette à ses pieds et le conjure de lui accorder sa délivrance ; il la méprise et la repousse : elle insiste encore ; elle saisit la bride de son cheval et lui demande de l’écraser sous ses pas ou de lui rendre celui qu’elle aime. Gessler, indigné contre ses plaintes, se reproche de laisser encore trop de liberté au peuple suisse. — Je veux, dit-il, briser leur résistance opiniâtre ; je veux courber leur audacieux esprit d’indépendance ; je veux publier une loi nouvelle dans ce pays ; je veux… — Comme il prononce ce mot, la flèche mortelle l’atteint ; il tombe en s’écriant : — C’est le trait de Tell. — Tu dois le reconnoître, s’écrie Tell du haut du rocher. — Les acclamations du peuple se font bientôt entendre, et les libérateurs de la Suisse remplissent le serment qu’ils avoient fait de s’affranchir du joug de l’Autriche.

Il semble que la pièce devroit finir naturellement là, comme celle de Marie Stuart à sa mort ; mais dans l’une et l’autre Schiller a ajouté une espèce d’appendice ou d’explication, qu’on ne peut plus écouter quand la catastrophe principale est terminée. Élizabeth reparaît après