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Voila grand Alaric, qui n’as point de rivaux,
Le prix de ta vertu comme de tes travaux :
Voila l’illustre prix que le ciel te destine :
Sois donc vainqueur de Rome, et l’ayeul de Christine.
Je ne te parle point des roys qui la suivront :
Car bien que cent lauriers leur couronnent le front,
Donnant un nouveau lustre à la grandeur royale,
Tous les siecles futurs n’auront rien qui l’esgale :
Nul d’entre les mortels ne peut si haut voller :
Et t’ayant parlé d’elle, il ne faut plus parler.
A ces mots disparoist la sybille cumée,
Comme on voit disparoistre une vaine fumée :
Le roy sort de la grotte, et cét affreux serpent,
A cercles redoublez l’un sur l’autre rampant,
Rentre dans la spelonque, et le passage est libre,
A l’immortel heros qui doit vaincre le Tybre.
Il sort donc tout ravy de l’esclat glorieux,
De cét astre du Nord que promettent les cieux :
Et rejoignant les siens aupres de la caverne,
Il visite en passant le fameux lac d’Averne :
Et charmé des hauts faits dont il est bien instruit,
Il arrive à son camp au retour de la nuit.
Comme un amant heureux, retrace en sa memoire,
Pendant l’obscurité l’image de sa gloire ;
Revoit avec transport ces tableaux retracez ;
Et songe avec plaisir à ses plaisirs passez.
Ainsi le grand heros remet en sa pensée,
Le prix que l’on promet à sa peine passée :