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du peril, un ange a conservez,
Et que ce grand miracle a doublement sauvez.
Les vœux du Lusitain, ont causé ce miracle :
Et l’incredulité ne faisant plus d’obstacle,
Le grand prelat d’Upsale ayant connu leur foy,
Les regenere en Dieu, par les ordres du roy.
Vers le Tibre fameux, marche toute l’armée :
De l’encens à flots noirs, monte au ciel la fumée :
Et l’on voit dans les mains du Goth fier et vaillant,
Mille et mille flambeaux meslez au fer brillant.
Le chant harmonieux, entonne des cantiques ;
Les deux nouveaux chrétiens ont de blanches tuniques ;
C’est le roy qui les meine, et le sçavant prelat,
Par ses beaux ornemens paroist couvert d’esclat.
Du haut de ses ramparts, le Romain considere,
Le pompeux appareil de ce sacré mistere :
Et d’autres plus hardis, viennent voir de plus pres,
D’un si grand sacrement, les superbes aprets.
Comme on voit les faisans, au rivage celtique,
Monstrer l’or d’un plumage, et riche, et magnifique ;
Et couvrir tous les bords des transparentes eaux,
Des nombreux escadrons, de ces rares oyseaux.
Ainsi voit-on alors, au bord de ce grand fleuve,
Briller l’or et l’acier, du soldat qui s’y treuve :
Et les fiers bataillons, de piques herissez,
Sur les rives du Tibre, en bel ordre placez.
La, volle jusqu’au ciel, une ardente priere ;
La, le vieux Jameric, au bord de la riviere,