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ne pouvant l’endurer,
La força de le suivre, et de se declarer.
Il vient, il voit, il vainct, ce guerrier redoutable :
Et sa main dompte tout, comme elle est indomptable.
Comme on voit un sanglier d’armes environné,
S’eslancer fierement sans paroistre estonné :
Escumer de fureur, grincer les dents de rage ;
Briser tout ; percer tout ; et se faire un passage.
Ainsi le grand heros qui partout est vainqueur,
Fait voir ferme et sans peur, son intrepide cœur :
Et sa noble fierté que la force accompagne,
Perce tout, abat tout sur la verte campagne.
Une seconde fois l’invincible heros,
Voit les portes de Rome avec ses braves Goths :
Acheve avec la nuit sa fameuse victoire,
Et le soleil levant vient esclairer sa gloire :
Et cét astre du jour voit les Romains chassez,
Se jetter en desordre au fond de leur fossez.
Mais pendant que dans Rome on en verse des larmes,
A toute son armée il fait prendre les armes :
Et voulant profiter de leur estonnement,
Il la tire aussi-tost de son retranchement.
La superbe cité s’en voit environnée,
Et d’armes à l’instant on la voit couronnée :
Les murs en sont bordez de l’un à l’autre bout ;
Et d’un affreux esclat le fer brille partout.
Cependant Alaric, que le destin seconde,
Place ses gents de traict comme ses gents de fronde :