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tour, lors qu’il est plein de feux,
L’engloutit tout bruslant dans ses abysmes creux.
Cependant tout combat, cependant tout chamaille ;
Sans perdre ny gagner la navale bataille :
Et sans determiner ces destins importans,
La fortune balence entre les combatans.
Mais parmy ces guerriers, Alaric se signale :
Aux plus fiers ennemis sa valeur est fatale :
Et pour le haut laurier où sa gloire pretend,
Malheur à qui le voit ; malheur à qui l’attend.
Tout redoute, tout fuit, sa flamboyante espée,
Qui degoutte du sang dont on la voit trempée :
Rien ne peut soustenir ses merveilleux efforts :
Autant de coups qu’il donne, autant d’illustres morts :
Il repousse ; il attaque ; il soustient ; il assiste ;
Son espée est un foudre, à qui rien ne resiste ;
Et bien loin d’arrester son bras victorieux,
A peine soustient-on les esclairs de ses yeux.
Comme lors qu’un sanglier de sa forte deffense,
A de plus d’un molosse arresté l’insolence,
Et teint avec leur sang, et l’herbe, et le rocher,
La meutte qui le suit n’ose plus l’approcher.
Ainsi voyant les coups si terribles qu’il donne,
Tout s’arreste à l’instant ; tout le craint ; tout s’estonne ;
Et voyant trop à craindre, et trop à hazarder,
Les plus determinez n’osent le regarder.
L’amiral espagnol, le genereux Ramire,
Plus ferme toutesfois, le regarde ; l’admire ;