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regle, et nous suivons ta voix ;
Attendant plus de toy que de tous nos exploits.
Alors du costé gauche un tonnerre qui gronde,
Luy promet de nouveau la conqueste du monde :
Et son vaisseau qui part, et qui blanchit les eaux,
Fait partir apres luy tous les autres vaisseaux.
Comme on voit en Phrigie aux rives du Meandre,
Les cygnes attroupez leur blanc plumage estendre,
Et nager tous de rang sur ses paisibles flots,
Lors que les vents captifs les laissent en repos.
Ainsi de ces vaisseaux voit-on les blanches voiles,
S’abandonner au vent qui fait enfler leurs toiles :
Et d’un ordre constant sur les flots inconstans,
Ces nefs suivre du roy tous les sentiers flotans.
La flote voit Hamstad ; Bahus ; son territoire ;
Et doublant de Combrot le fameux promontoire,
Et laissant loin à droit le cap de Stafanger,
On la voit vers Bamberge à l’instant se ranger ;
Sortir de ce destroit qu’Alaric abandonne ;
Et voir la vaste mer qui la terre environne.
Ce fut là que Rigilde encor plus irrité,
Ses cruels prisonniers vint mettre en liberté :
Et que les delivrant pour exercer leur rage,
Il trouva ses plaisirs dans l’horreur d’un orage.
D’abord un bruit confus murmure sourdement,
Et parmy le cordage on l’entend foiblement :
D’abord les flots troublez perdent leur couleur verte ;
De poissons bondissans cette mer est couverte ;
Et le ciel