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Ses yeux lancent des traits à qui rien ne resiste :
Ils porteroient la joye en l’ame la plus triste :
Ils sont passionnez ; doux ; brillans ; amoureux ;
Pleins de feu ; pleins d’esprit ; et pourtant langoureux.
O que sa bouche encor fait voir de belles choses !
Un meslange divin de perles et de roses,
D’attraits et de sous-ris, de charmes et d’appas,
Pourroient forcer l’envie à ne les blasmer pas.
Sa gorge par l’habit moins qu’à demy fermée,
Est un amas de neige, et de neige animée :
Et cét art merveilleux qui peut nous decevoir,
A si bien travaillé, qu’elle semble mouvoir.
Et ses bras et ses mains, n’ont rien que d’admirable :
Rien ne peut esgaler sa taille incomparable :
Et le crespe leger dont son habit est fait,
Ne monstre rien aux yeux qu’ils ne jugent parfait.
Mais si cette Venus paroist belle et charmante,
Le genereux amant est digne de l’amante :
Une noble fierté petille dans ses yeux,
Et l’on voit bien qu’il est le plus vaillant des dieux.
Il a de la beauté, mais c’est d’une autre sorte :
L’une paroist mignarde, et l’autre paroist forte :
L’une attire les cœurs, l’autre les fait trembler :
Mais tous deux de merveille ont droit de les combler.
Les graces par le peintre adroitement placées,
Se tiennent par les mains l’une à l’autre enlacées :
Et de petits amours assez pres de ce lieu,
S’amusent en enfans, aux armes de ce dieu.
L’un