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du Pais de Liége.

preſque continuellement publier des Édits, par leſquels il établiſſoit des Impôts trés-onéreux au Peuple, déjà acablé par les Dons gratuits ; & lors qu’il ne pouvoit obtenir ni les uns ni les autres, il débâtoit l’Élection des Magistrats, enſorte qu’à en juger par ſa conduite, le ſeul guide, que l’on doit ſuivre en ceci, ſon objet principal étoit d’engager les Liégeois à remplir les cofres de ſon épargne, & à les entretenir toujours pleins.[1] La conduite de Maximilien Henri fut la même.

  1. Il pouſſa les choſes si loin, que le Chapitre de Liége ſe vit forcé d’en porter ſes plaintes au Pape Urbain 8. La lettre qui les contient, datée du 17. Juillet 1636. est tranſcrite dans le troiſiéme Tome de l’Histoire du P. Boüille [p. 226. & ſuite.].

    Dans cette lettre, après le détail de ce que l’État de Liége a ſouffert des troupes étrangéres, qui y ont été envoïées par Ferdinand de Baviére, des ſacriléges, des profanations, des vols, des viols, des incendies, des maſſacres, de la néceſſité, dans laquelle ſe ſont trouvés plus de 10000. Catholiques, pour ſauver leur vie, de ſe réfugier chés les Proteſtans, le Chapitre s’explique dans les termes ſuivans.

    « Enfin on a omis mile eſpéces de tiranie & de cruauté, même aiant par notre Évêque & Prince ſollicité en notre ruine le Duc de Lorraine… Le Comte Picolomini, qui ont joint leurs Troupes de ſoldats avec celles du Colonel Jean de Werth, homme vil & barbare, lequel notre Évêque avoit envoïé contre nous…

    Le Chapitre fait enſuite l’énumération des perſécutions que le Païs a eſſuiées de la part de l’Évêque d’Oſnabruck, Plénipotentiaire de Ferdinand, après laquelle il dit que c’eſt ſans fondement que ce Prince préſupoſe dans la commiſſion, qu’il a donnée à Jean de Werth, que l’État de Liége ne lui a rien acordé pour les néceſſités de l’Empire.

    « Toutes fois, continuë le Chapitre, depuis qu’il est parvenu à l’Évêché, il a tiré par la liberalité des États du Païs très-grande ſomme de deniers, excédant pluſieurs millions de florins, au-deſſus de trois cent cinquante mile florins ou environ, pour avoir engagé les biens de la Table Épiſcopale, ſans le conſentement de votre Sainteté. A tiré encore ſeptante-cinq mile florins, à l’inſû du Chapitre, hors du Mont de piété, ici à Liége, point ſans grand intérêt des Pauvres, & préjudice de l’Égliſe.

    La lettre ajoute, qu’outre toutes ces ſommes, Ferdinand en avoit demandé, par une Déclaration du 23. Juillet 1629. une autre de cent vingt mile Patagons, au moïen de laquelle il avoit promis de faire decharger le Païs par l’Empire de toutes contributions, pour le paſſé, & qu’à une journée des États tenus l’an 1631. il avoit fait demander encore une autre ſomme de ""cent cinquante mile Patagons"", qu’il pretendoit contre vérité, lui avoir été acordée, & pour le païement de laquelle il s’étoit pourvu à l’Empereur.

    Toutes ces calamités étoient ſelon la lettre imputables a l’abſence continuelle de Ferdinand. Les Députations, les Lettres, les Priéres, les Suplications n’avoient pû l’engager à honnorer ſes États de ſa préſence, les termes n’en peuvent être remplacés, les voici.