Page:De Saumery - Les délices du Pais de Liége, Tome I, 1738.djvu/89

Cette page a été validée par deux contributeurs.
61
du Pais de Liége.

réitérés de l’Empereur ne ſervirent qu’à former deux partis, dont l’un ſoutenoit les Droits du Prince, & l’autre les prétendus Priviléges du Peuple. Ils en vinrent enfin à une guerre civile, qui fut ſort longue, & qui coûta beaucoup de ſang.

Comme le parti du Peuple, ſe trouva le plus fort, l’autre fut contraint de plier, & de chercher ſon ſalut dans la fuite. Ferdinand[1], qui ſouhaitoit calmer ces diſſentions, n’oublia rien pour y parvenir. Il ofrit pluſieurs fois, mais toûjours infructueuſement, de ſacrifier ſes intérêts au repos de ſes ſujets. Ceux qui s’étoient emparé de la Ville, aiant proſcrit à lui même, ſes principaux Oficiers, lui en refuſérent diférentes fois l’entrée & le forcérent d’en venir à la force ouverte.

Les lieux circonvoiſins furent aſſiégés, pris, brulés, & ruinés. Ce traitement ne ſervant qu’à entretenir le Peuple dans ſa rébellion, l’on fit le Blocus, & enſuite le Siége de la Ville. Lorſque ces mutins ſe virent hors d’état de ſe défendre, ils eurent recours à la clémence du Prince, qui en eut aſſés pour leur acorder une Amniſtie générale ; il n’en excepta que les Chefs des factieux auxquels il en coûta la vie.

Quel fut le fruit de cette révolte ? Le Prince fit recevoir l’Édit, qu’il propoſoit depuis ſi long-tems, & pour tenir à l’avenir le Peuple dans le reſpect, il le força de bâtir une bonne Citadelle, & d’y entretenir une nombreuſe garniſon. Telle eſt la fin ordinaire des ſoulèvemens des Sujets contre leurs Princes ; mais peut-on voir ſans étonnement que cette révolte ait ocupé trente-ſept ans entiers un Prince auſſi puiſſant que Ferdinand de Baviére ?

L’on peut juger par cette patience preſque inconcevable que ce Prince étoit bien pénétré des vérités fondamentales du Chriſtianiſme, & qu’il aimoit tendrement ſes Sujets.

Il y a grande aparence que ce furent ces troubles continuels qui l’empêchérent de prendre l’ordre de Prêtriſe. Il mourut, le treize de Septembre mil six cent cinquante.

Tom. I. Part. I.
Q
  1. Ferdinand de Baviére.