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du Pais de Liége.

mens, ſont des monumens éternels de ſa ſolide piété, & de ſon zéle pour l’augmentation du culte qui eſt dû à Dieu & à ſes Saints.[1]

Il eut grand ſoin de conſerver & de confirmer les Priviléges de ſon Clergé, & d’en retrancher les abus.[2] La regularité de ſes mœurs engagea le St. Siége à ſoumettre à ſa juridiction ceux, qui par d’anciennes Conceſſions en étoient exemts. La diſcipline fut par là rétablie dans une partie de ſon Diocéſe, elle alloit l’être

    crois pas que l’Hiſtoire contienne aucun exemple de la nature des faits ſpécifiés en ces deux Notes.

  1. L’an 1508. c’eſt-à-dire le 3. de ſon Pontificat, Erard de la Marck fit faire, en forme de Buſte, la magnifique Chaſſe, qui renferme le Chef de S. Lambert.

    Il fit faire la même année celle de S. Theodart.

    L’an 1514. il fit préſent à l’Egliſe de S. Lambert d’une tapiſſerie, qu’il avoit fait faire à Paris ; le fonds eſt de ſoie & d’or, enrichi d’un grand nombre de Perles. Elle repréſente une partie de la Vie de la Vierge, & une partie de celle de S. Lambert.

    L’an 1526. il inſtitua la Fête & la Proceſſion de la Tranſlation du Corps de ce Saint, de Maſtricht à Liége, par S. Hubert ; & pour que la Proceſſion ſe fit à perpétuité, il donna une ſomme de 100800. florins de Brabant, pour être emploïée à l’aquiſition d’une rente de 360. florins, même monnoie, qui doivent être diſtribuées aux Corps Ecléſiaſtiques & Séculiers, qui ſont obligés d’y aſſister.

    Pour la ſolemnité de cette Fête, il fit faire le riche Parement d’Autel, la Chaſuble, les Dalmatiques, & les Chapes qui ſervent aujourd’hui, dont l’ouvrage délicat reléve la matiére quelque précieuſe qu’elle paroiſſe.

    En 1533. il fit fondre les deux groſſes Cloches de la même Egliſe ; à l’une deſquelles, qui est du poids de 15000. livres, il donna ſon nom, & à l’autre, qui est du poids de 12000. livres, il donna celui de Criſogon, qui étoit ſon titre de Cardinal.

  2. Juſqu’à ce Prince il ſufiſoit d’être tonſuré pour joüir des Priviléges acordés aux Ecléſiaſtiques, enſorte qu’un ſimple Clerc pouvoit vivre impunément dans toute ſorte d’état : & quoi qu’il ne rendît aucun ſervice à l’Egliſe, & ne portât point l’habit Ecléſiaſtique, il joüiſſoit de tous les Droits & Priviléges, acordés aux Miniſtres des Autels, conſidération de leur ſaint Miniſtére.

    Un Habitant de Liége, Ecléſiaſtique de l’eſpéce dont je viens de parler, aiant été en 1515. ſaiſi au Corps, en vertu d’une Ordonnance du juge ſéculier, prétendit que ce Juge, ni ſon Huiſſier, n’avoient aucune autorité ſur ſa perſonne, & pour en convaincre démonſtrativement ce dernier, il lui donna un coup de couteau, dont il le bleſſa grièvement, & ſe pourvût enſuite à l’Oficial, qui ne manqua point de revendiquer ſon prétendu juſticiable.

    Celui-ci avoit été conduit aux priſons des Echevins, auxquels Erard de la Marck, averti du fait, avoit ordonné d’inſtruire ſon procès, & de le juger comme Laïc. Les Echevins obéïrent, condamnèrent cet Aſſaſſin à avoir le point coupé, & le lui firent réellement couper ; & lors que