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Les Délices

guerre[1] les uns contre les autres, il préſerva ſes États de ces fléaux, ſe conſerva l’amitié de tous ces Princes : & tandis qu’ils étoient les plus animés à ataquer ou à ſe défendre, il ornoit ſa Capitale d’Edifices ſuperbes, réparoit ſes fortifications, en faiſoit faire de nouvelles, avoit la même atention pour toutes ſes autres Places, & coupoit le cours de la chicanne.[2]

L’État épuiſé par les troubles qui avoient précédé l’Election d’Erard, trouva dans les coffres de ce Prince, une reſſource aſſurée dans tous ſes beſoins.[3] Voïant que cet épuiſement étoit en partie imputable à la mauvaiſe adminiſtration, il voulut bien s’en charger, & en trés-peu de tems, par le moïen d’une noble & généreuſe Œconomie, il aquita l’État, qui étoit aſſés obéré.[4]

Les afaires temporelles ne firent point négliger à cet illuſtre Evêque le ſoin des ſpirituelles. La magnifique Egliſe de St. Lambert & tous ſes plus précieux Orne-

    leur Ville en interdit, & l’y tint, juſqu’à ce qu’ils euſſent demandé, & mérité le pardon de leur révolte. Ceux de Liége s’étant licentiés à tenir des diſcours, qu’il croïoit ofenſer ſa gloire, il les força à lui faire une réparation proportionée à l’inſulte.

  1. Philippe I. Roi d’Eſpagne, & Duc de Brabant, avoit déclaré la guerre à Charles Duc de Gueldres. L’Empereur Maximilien I. Pere de Philippe, ſoutenoit ſon parti, & Louis 12. Roi de France, ſoûtenoit celui du Duc de Gueldres. Cette guerre fut fort longue, & très à charge au Païs de Liége, qui reſta dans la neutralité.
  2. En 1508. il fit réparer le Château de Hui, celui de Franchimont, & les fortifications de la Ville de Liége ; il y en fit même faire de nouvelles. Il eut, en 1515. la même atention pour les Châteaux de Stokhem & de Curenge.

    La même année 1508. il fit jéter les premiers fondemens du Palais Epiſcopal tel qu’il eſt aujourd’hui ; & il ne ceſſa pas d’y faire travailler juſqu’à ſa mort, c’eſt-à-dire, pendant 32. ans. Il fit en diférens tems, pluſieurs Edits, pour l’adminiſtration de la Juſtice, & pluſieurs Réglemens de Police.

  3. En 1523. il prêta à l’État 20000. écus du Rhin. C’étoit le contingent auquel il avoit été taxé comme membre du Cercle de Weſtphalie, au ſujet de la guerre que l’Empereur vouloit faire au Turc.
  4. En 1536. les coffres de l’État étoient non ſeulement vuides, mais il étoit endetté de deux cent mile cinq cens florins. Cùm Patria arario, publico careret, quin etiam quingentis ſupra ducenta florenorum millia oberata eſſet. Erard ſe propoſa pour Ministre. In publico Ordinum conſeſſu, omnium Patriæ onerum diſſolutionem in ſe recepit… Son Miniſtére qu’il avoit fixé à quatre ans, ne fut pas ſi long. Toutes les dettes furent néanmoins aquitées, & il fut pourvû à tous les beſoins de l’État. Inſtantibus Patriæ neceſſitatibus providit, & brevi ſpatio Patriam univerſo debito liberavit. Je ne