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Les Délices.

Ils eurent aſſés d’adreſſe pour ménager auprès de l’Empereur, leur Souverain médiat, la confirmation de ces Priviléges, & aſſés de bonheur pour l’obtenir.

La ratification de cette grace, obtenuë du Succeſſeur immédiat de cet Empereur, leur fit croire qu’ils étoient véritablement indépendans. Dans cette fauſſe ſupoſition, ils ne craignirent point de diſputer à leurs Princes les droits les plus certains, & les plus inconteſtables de la Souveraineté. De là les émotions, les ſoulévemens, les ſéditions, & enfin les révoltes générales des ſujets contre leurs Souverains, une infinité de guerres, & autant de Traités de paix,[1]

Le premier de ces Traités porta un grand coup à l’autorité Souveraine. Les Juges établis par St. Hubert avoient juſques là adminiſtré la justice, & exercé la police. Ce ſecond point parut de trop au Peuple. Il voulut que l’exercice en fut confié à deux perſonnes qu’il choiſiroit dans ſa Sphére : & ce ne fut qu’à cette condition, qu’il conſentit de mettre bas les armes. Quelque dure qu’elle fût, le Prince fut obligé de l’accepter. On créa deux Oficiers Populaires, auxquels on fit préter ſerment de conſerver les Droits & les Libertés, & les Priviléges de la

    Hoc in Sarcofafo cunctorum dira vorago
    Clauditur, Albertus, Gieſi, dum vixit, apertus.

    Après avoir raporté un des traits les plus marqués de la simonie, dont cet Évêque étoit accusé, Fiſen fait cette demande. Porro a tali Principe quid ſperes ? Reip. ſcilicet interitum. In peccata multitudinem Principes exemplo trabunt. On apprend de Foullon & de Boüille l’éfet, qui produisit l’exemple d’Albert de Cuick.

    L’on trouvera la preuve du ſurplus du texte, dans l’article des Mœurs des Habitans de la Ville de Liège, ci après.

  1. Si le ſujet n’étoit pas auſſi ſérieux qu’il eſt, l’on pourroit apliquer aux Liégeois de ce tems-là, ce que Parmenon dit des Amans, à ſon Maître Phœdria.

    In amore hæc omnia inſunt vitia, injuriæ,
    Sulpiciones, inimicitiæ, induciæ,
    Bellum, pax rursùm. Incerta hæc ſi tu poſtulet
    Ratione certà facere, nihilo plus agas
    Quàm ſi des operam, ut cum ratione inſanias.

    L’amour étoit le mobile de toutes ces révolutions, mais c’était l’amour de la liberté, qui eſt le plus grand de tous les biens. Les Traités de paix, dont je parle, ſe trouvent dans un livre en 3. vol. in fol. donné au Public par M. de Louvrex, ſous ce titre. Recueil des Edits, Réglemens, Priviléges, Concordats, & Traités du Païs de Liége. . . . Imprimé à Liége chez Bertrand.