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du Pais de Liége.

priéres, obtinrent des Puiſſances Écléſiaſtiques & Séculiéres, la permiſſion de quiter l’Épiſcopat, & de ſe retirer dans des Monaſtéres qu’ils avoient établis.[1] Ces ſortes de faits ne doivent point être négligés. Ils tendent toûjours à l’édification.

Après la mort de Theodart, arivé l’an ſix cent cinquante-cinq, Lambert fut d’une commune voix élû pour lui ſuccéder. Ses admirables & heureuſes diſpoſitions à la vertu, & les talens de ſon eſprit, ſecondés par les avantages, que lui avoit aquis une éducation proportionnée à ſa haute naissance,[2] réunirent en ſa faveur les ſufrages unanimes du Clergé & du Peuple.

Le refus qu’il fit de ſe charger d’un auſſi péſant fardeau,

  1. V. les mêmes Hiſtoriens en la vie de ces deux Saints.
  2. Il étoit fils d’un des principaux Seigneurs de la Cour du Roi Sigebert II. Roi d’Auſtraſie, qui la tenoit à Maſtricht.

    Ce fut en cette Ville que nâquit S. Lambert l’an 635. Son éducation fut confiée à un Prêtre nommé Landoald, qui gouvernoit le Diocéſe de Tongres pendant l’abſence de S. Amand qui en étoit Évêque, & enſuite à Theodart qui ſuccéda à S. Remacle, Succeſſeur immédiat de S. Amand.

    Quoique, ſuivant l’Hiſtoire, Theodart n’eut pas une connoiſſance moins parfaite des afaires temporelles, que des ſpirituelles, il ne fut pas le ſeul qui forma Lambert aux unes & aux autres. La Cour du Roi Sigebert, dans laquelle il fut élevé, n’étoit pas une moins bonne école pour celles-ci & pour celles-là, que le Palais Épiſcopal.

    Un célébre Hiſtorien François remarque avec étonnement que les trois principaux Miniſtres de cette Cour, Pepin de Landen, ou Pepin le vieux, qui étoit le Maire du Palais, Arnoul Évêque de Metz, & Cunibert Évêque de Cologne, qui lui aidoient à porter le faix du gouvernement, méritérent par leurs vertus d’être, après leur mort, révérés comme Saints, & que Sigebert lui-même aquit le même honneur.

    Un Saint à la Cour eſt rare, ajoute l’Hiſtorien, un Miniſtre l’eſt encore plus, & l’on trouvera peu d’exemples d’aucune Cour, qui en ait tant produit en même tems.

    La ſurpriſe du Pere Daniel auroit été encore plus grande, s’il avoit fait atention qu’Amand, Remacle, & Theodart, qui tinrent le Siége Épiſcopal à Maſtricht, ſous le gouvernement de Pepin le vieux, & le Règne de Sigebert & le Prêtre Landoald, qui fut pendant quelques années chargé de l’adminiſtration du Diocéſe, & qui en ces qualités eurent tous part au gouvernement du Roïaume, furent pareillement inſcrits au Catalogue des Saints ; mais il ne ſe ſeroit point étonné, que Lambert formé par de pareils Maîtres, eut mérité le même honneur.

    V. pour la preuve du commencement de cette Note, la vie de ſaint Lambert écrite par Godeſcale, Chanoine de Liége, par Étienne Évêque de Liége, par Anſelme & Nicolas auſſi Chanoines de Liége & par Renier Religieux de l’Abaïe de ſaint Laurent lez Liége, dans le i. Tome de Chapeauville, Fiſen, Foullon, Boüille.