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Les Délices

Ce dernier mourut l’an trois cent-neuf, & l’année ſuivante Servais[1] fut élevé à ſa place ſur le Siége de Tongres, qu’il remplit très-dignement juſqu’à l’an trois cent quatre-vingt-quatre.

Les Panégiriſtes de cet Évêque ne ſont pas d’acord ſur une partie des hauts faits, qu’ils ont publiés à ſa louange.[2] Il y en a pluſieurs de la réalité deſquels ils conviennent unanimement.[3]

La régularité de ſes mœurs ne ſervoit qu’à faire briller la ſupériorité de ſon génie ; & l’élévation de ſon eſprit, rélevoit infiniment la ſainteté de ſa vie.

Jamais homme ne fut plus pur dans ſa foi, ni plus ferme, & plus inébranlable lorſqu’il s’agiſſoit d’en ſoutenir les maximes.

Toûjours prêt à cimenter de ſon ſang la vérité des Dogmes de l’Égliſe Catholique, il n’étoit pas moins inſensible aux careſſes, qu’intrépide aux ménaces, qui lui étoient faites, pour l’engager à l’abandonner, ou la pallier.

Dans pluſieurs Conciles Généraux, auxquels il aſſiſta, ſes grandes qualités lui aquirent l’eſtime, & la vénération des Prélats, dont ils étoient compoſés.

Tous les Évêques ont pû être auſſi atentifs que lui aux beſoins de leurs troupeaux ; mais aucun ne l’a iamais ſurpaſſé en zéle & en vigilance.

Il aprit par révélation, que malgré ſon exemple, ſon atention & ſes ſoins, la Ville de Tongres étoit dévenuë une autre Ninive ; que les péchés de ſes habitans étoient montés juſqu’au Ciel ; que cette Capitale de ſon Diocèſe alloit être livrée aux incurſions, & à la férocité de pluſieurs Nations barbares ; qu’elle alloit être réduite en cendres, & que ſes habitans devoient bientôt périr par le fer, ou être conſumés par le feu. Que ne fit-il pas pour détourner l’orage !

Ce
  1. Harigére, Fiſen, Foullon, Boüille.
  2. Gilles de Liége, Religieux d’Orval, Commentateur d’Harigére, lui donne une origine & des aliances, & lui atribue un grand nombre de miracles que les Hiſtoriens poſtérieurs, & entre autres Foullon, rejétent, comme des contes faits à plaiſir.
  3. Les quatre cités à la Note ci-deſſus.