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du Païs de Liége.

les habitans de l’un des Cantons du Païs de Liége, gens qui n’avoient pour toute retraite que de miſérables chaumiéres, & pour tous Rempars que quelques Paliſſades formées de terre, & de branches d’arbres, ont eu aſſés d’amour pour la liberté & aſſés de courage pour ataquer neuf mille Romains retranchés dans un camp bien fortifié ; aſſés d’adreſſe pour les en faire ſortir, ne pouvant les y forcer ; & aſſés de valeur pour en paſſer la plus grande partie au fil de l’épée, & mettre le reſte en fuite.[1]

La poſtérité la plus réculée ſera inſtruite, qu’après la ruine totale des peuples de ce Canton, Ambiorix leur Chef fugitif & errant, dont le Conquérant des Gaules avoit mis la tête à prix, eut aſſés d’intrigue dans ſa retraite pour balancer pendant trois ans, la fortune & la gloire du plus grand Capitaine qu’ait eu la République Romaine ; & aſſés de prudence pour ſe ſouſtraire au ſort, que le vainqueur d’une infinité de Nations, le Fondateur de l’Empire Romain ne ſût point éviter.

Le ſort du Canton des Eburons, & des autres Cantons du Païs Liégeois, dont, depuis la conquête des Gaules, l’Hiſtoire ne parle plus que ſous le nom générique d’Aduaticiens ou Tongrois, fut le même que celui de toutes les autres Provinces de ce vaſte Continent.

Tous les Peuples ſubjugués, vêquirent ſous la domination & la loi des vainqueurs : ils ne changérent d’État & de Maître, que lorſque l’Empire Romain, changea de face, enſorte que les Gaules furent ſoumiſes près de ſix ſiécles, à la domination Romaine.

  1. Alii œgrè ad noctem oppugnationem ſuſtinent. Noctu ad unum omnes, deſperatâ ſalute, ſeipſi interficiunt.