Page:De Saumery - Les délices du Pais de Liége, Tome I, 1738.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.
2
Les Délices

L’on y trouve preſque par tout des Mineraux, entre autres de la Couperose & de l’Alun. L’excellence de ſes Eaux[1] eſt connuë de toutes les Nations.

La Terre y eſt extrêmement libérale en excellens Grains. Les Pâturages y sont gras & abondans.

Outre que la Bierre qui s’y fait eſt meilleure qu’aucune qui se faſſe en Europe de l’aveu même des étrangers ; il y a plusieurs Vignobles qui produiſent du Vin dont la délicateſſe & la bonté ne cedent point aux vins médiocres de Bourgogne & de Champagne.

Prendre dans ſon ſein le Bois propre à la conſtruction des Edifices publics & particuliers, & celui qui eſt néceſſaire pour le chaufage ; n’eſt-ce pas un des grands avantages du plus heureux climat ? L’air y eſt tempéré & très-ſain : & on y voit rarement des maladies populaires & contagieuſes. Il eſt aiſé de conclure de la fertilité de ſes Campagnes, du grand nombre de ſes Forêts, de ſes Houblonniéres & de ſes Vignes, que le Gibier & la Volaille y doivent être d’un goût exquis.

L’ANCIEN ETAT DE CE PAYS.


LOrſque Jules Céſar entra dans les Gaules,[2] la Contrée qui porte aujourd’hui le nom de Païs de Liége, étoit habitée par des Gaulois diviſés en Cantons ou Quartiers, qui avoient chacun leur nom particulier : ils étoient connus ſous le nom collectif de Germaniens, qui dénotoit leur origine.[3]

Les Habitans du premier de ces Cantons étoient ſurnommés Eburons. Ceux du deuxiéme Aduaticiens.[4] Ceux du troiſiéme Condruſiens. Ceux du quatriéme Ambivarites. Ceux du cinquiéme Centrons. Ceux du ſixiéme Gru-

  1. Entre autres celles de Spa, & celles de Chau-Fontaine. En parlant de ces lieux je décrirai les propriétés & les vertus de leurs Eaux.
  2. Ce fut l’an de la Création du monde 3996. de la fondation de Rome le 696. ôt le 57. avant la Naiſſance de J. C.
  3. J’ai ſuivi le P. Foullon. Céſar ne comprend ſous le nom de Germaniens, que les Condruſiens, les Eburons, les Céréſiens & les Pémaniens.
  4. Ce Peuple habitoit une Contrée qui étoit à l’extrémité de celle des Eburons, au Midi, & qui joignoit celle des Nerviens.