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Philéas. — En voilà une farce et une blague, mon cher ; je suis Philéas Saindoux et je ne mourrai jamais de chagrin que de ma propre mort, je vous en avertis.

L’inconnu, très émotionné. — Phi… Phi… Philéas ? Oh ! mon cousin, mon ser cousin, reconnaissez en moi le docteur Crakmort, fils de votre tante, Alménie Saindoux.

Philéas, étonné. — Ah bah !… c’est vrai, au fait ! j’ai entendu parler de vous et de votre maman par papa. Bonjour, cousin, et sans rancune !

La querelle était finie ; les deux adversaires se serrèrent la main et allèrent avec Polyphème s’embarquer sur le Zéphyr, qui devait les conduire en Algérie.

À peine installé sur le bateau, Saindoux rappela à son ami sa promesse de faire marcher rondement le navire.

Polyphème, gaiement. — Je n’ai qu’une parole, mon cher, et je la tiens ; laissez-moi faire. Couchez-vous pour éviter le mal de mer pendant ces deux heures de route ; avalez cette pastille, puis faites un petit somme. Je vous réveillerai à notre arrivée ; à quatre heures, je vous appelle.

Philéas. — C’est merveilleux, cher Tueur ! Merci, grand homme ! votre pastille est diablement mauvaise… c’est égal ! je vais dormir avec enthousiasme. Ah ! ah ! ces fainéants de marins, ils ont trouvé leur maître avec vous. Tiens, c’est singulier comme j’ai sommeil… vite aujourd’hui… bon… soir… (Il s’endort.)

Polyphème, le regardant. — Bravo ! ma pilule