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mon équipage avant-hier ; j’ai essayé de le monter, mais il m’a jeté par terre trois fois en cinq minutes. À la dernière fois (c’était dans une flaque d’eau) j’y ai renoncé provisoirement et j’ai dû arriver modestement à pied.

Grenadier, arrivant. — Avez-vous fini votre causette, Messieurs ? En chasse ! en chasse ! le temps est splendide. (Chantant d’une voix de tonnerre.)

« Amis, la matinée est belle !… »

Philéas, tressaillant. — Ah ! Grenadier, que c’est bête de crier comme ça, sans avertir les gens ! Voyons, en route et attention au gibier !

Crapotin. — Je regrette de ne pas avoir amené Serinet : il m’est pénible de porter ma carnassière et mon gibier ; puisque j’ai un grô ome, je dois et désire…

Philéas. — Silence donc, et avançons plus vite que cela, Crapotin !

Grenadier, chantant d’une voix formidable. — « Prenez garde ! prenez garde ! la Dame blanche vous regarde. »

Philéas, se récriant. — Mais, sac à papier ! Grenadier, vous allez faire sauver tout notre gibier, avec votre tromblon.

Grenadier, avec humeur. — On se tait, mon Dieu ! on se tait.

La chasse allait fort mal. Le pauvre Philéas, entre ses deux compagnons, suait sang et eau pour empêcher l’un de bavarder, l’autre de brailler.

À chaque instant, le gibier effrayé partait hors de portée, sans que pour cela les deux chasseurs fussent corrigés de leurs manies ; enfin, dans un