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XIV


Viegne Pallas, la deesse honnourable,
Moy conforter en ma dure destresce,
Ou mon anui et peine intollerable
Mettront a fin ma vie en grant asprece.[1]
Car Fortune me cuert sure
Qui tout mon bien destruit, rompt et deveure,
Et pou d’espoir me destraint jour et nuit ;
Juno me het et meseür me nuit.

Ne je ne truis nul confort secourable
A mon meschief, ainçois quant je me drece
Vers quelque part ou voye réparable
Deusse trouver, tout le rebours m’adrece,[2]
Et en vain peine et labeure ;
Car Fortune despece tout en l’eure
Quanque j’ay fait, ou me plaise ou m’anuit ;
Juno me het et meseür me nuit.

Et pour ce pri la haulte venerable
Fille de Dieu, Pallas qui tous radrece
Les desvoiez, qu’elle soit apparable
En mes pensers, comme vraie maistrece
Me dottrine et me secueure ;
Diane soit avec elle a toute heure,
Car de long temps me commence, yer n’anuit[3]
Juno me het et meseür me nuit.

Princes, ains que mort m’acueure,

  1. XIV. — 4 A1 M. ma v. a f. — B Mettra a f. ma v. en g. espresse
  2. — 12 A2 vers le r.
  3. — 23 B Ces deux m’aiment, mais non obstant je cuit