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Et suivray
Mon gracieux réconfort.


VII


La grant doulour que je porte
Est si aspre et si très forte
Qu’il n’est riens qui conforter
Me peüst ne aporter
Joye, ains vouldroie estre morte,

Puis que je pers mes amours,
Mon ami, mon espérance
Qui s’en va, dedens briefs jours,
Hors du royaume de France

Demourer, lasse ! il emporte
Mon cuer qui se desconforte ;
Bien se doit desconforter,[1]
Car jamais joye enorter
Ne me peut, dont se deporte[2]
La grant doulour que je porte.

Si n’aray jamais secours[3]
Du mal qui met a oultrance
Mon las cuer, qui noye en plours
Pour la dure departance

De cil qui euvre la porte
De ma mort et qui m’enorte
Desespoir, qui raporter

  1. VII. — 12 omis dans A1.
  2. — 14 A{1 N. m, p. ne me deporter
  3. — 16 A2 Si n’a. plus de s.