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Veult riche, et fraude tenir ;
Qui le fait au laz se prent,
Mais fol ne croit jusqu’il prent.


XCV



Nous devons bien, sur tout aultre dommage,
Plaindre cellui du royaume de France,
Qui fut et est le regne et heritage
Des crestiens de plus haulte poissance ;
Mais Dieux le fiert adès de poignant lance,
Par quoy de joye et de soulaz mendie ;
Pour noz pechiez si porte la penance
Nostre bon Roy qui est en maladie.

Cest grant pitié car prince de son aage
Ou monde n’yert de pareille vaillance,
Et de tous lieux princes de hault parage
Desiroient s’amour et s’aliance.
De tous amez estoit trés son enfance ;
Encor n’est pas, Dieux mercis, reffroidie
Ycelle amour, combien qu’ait grant grevance
Nostre bon Roy qui est en maladie.

Si prions Dieu, de trés humble corage,
Que au bon Roy soit escu et deffence
Contre tous maulz, et de son grief malage
Lui doint santé ; car j’ay ferme creance
Que, s’il avoit de son mal allegance,
Encor seroit, quoy qu’adès on en die,