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sur les parapets, sauf souvent à marcher dans la boue ; celui qui avait autrefois cette attention, un jeune homme même, en était récompensé par une petite inclination de tête, mais dans le siècle de progrès où nous vivons j’en suis quitte à l’âge de 79 ans, pour mes frais de courtoisie. Mes amis me reprochent souvent cet excès de politesse envers des bégueules ; et moi de répondre : « celui qui a été bien élevé passe difficilement de la politesse au manque d’égards sur ses vieux jours. » Ceci me rappelle la réponse que fit jadis un de mes amis canadiens, assez mauvais sujet, à un jeune anglais surpris de lui voir faire sa prière du soir : I cannot, my dear friend, break myself out of it. (Je ne puis m’en corriger).

Lorsque la frégate française la Capricieuse visita les parages du Canada, il y a neuf ans, le commandant de Belvèze ne manqua pas de rendre visite à Mademoiselle de Lanaudière ; la conversation roula principalement sur la France : sujet très intéressant pour la vieille Canadienne, mais elle finit par lui dire : « nos cœurs sont à la France, mais nos bras à l’Angleterre. » Voyez, Messieurs les Anglais, cette vieille noblesse qui avait pris au sérieux le serment de fidélité que son père et ses frères avaient prêté aux souverains de la Grande-Bretagne.

Un officier de la même frégate, ayant nom Gaulthier, sut, je ne sais comment, qu’une de nos tantes avait épousé avant la conquête un médecin du Roi nommé Gaulthier ; j’ai vu quelque part que c’est lui qui a découvert le thé canadien auquel il a donné le nom de Gaultharia, le même thé, je suppose, que l’on cherche à