Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/390

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais de l’asseoir sur les deux jambages d’une élévation de quatre à cinq pieds au-dessus de l’âtre de la cheminée. Les manœuvres avaient donc renoncé à cette rude tâche, lorsque voyant passer Grenon, un d’eux lui cria :

— Toi qui es fort comme un taureau, viens donc nous aider à mettre en place le manteau de la cheminée !

— C’est l’heure de mon déjeuner, ainsi que du vôtre, fit Grenon ; je vous donnerai un coup de main quand nous aurons fini notre repas.

Ils se séparèrent sur cette assurance, mais Grenon revint sur ses pas quand ils furent éloignés et posa seul la pierre.

Vous savez, me dit M. Laterrière d’un ton goguenard, que le diable a toujours joué un certain rôle dans la construction de certains édifices merveilleux, tels que la cathédrale de Cologne en Europe, et aussi dans celles de quelques églises du Canada. Après leur retour, les maçons ne manquèrent pas d’attribuer cette prouesse à sa majesté satanique, malgré les réclamations des femmes d’une maison voisine, qui affirmaient qu’elles avaient vu Grenon entrer et sortir du presbytère après leur départ, et sans que le diable l’accompagnât.

J’avais déjà entendu parler de ce tour de force, mais j’ignorais les dimensions de cette pierre dont le souvenir s’est conservé, je vois, jusqu’à nos jours, parmi les habitants des Laurentides.

J’ai dit que les exploits musculaires de Grenon étaient passés dans le domaine de la légende : voici ce qu’un farceur de l’Isle-aux-Coudres contait à ce sujet :