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d’une vieille tuque (bonnet de nuit) de son maître pour faire cuire ce géant des entremets britanniques. Ross, le voyant peu solide sur sa base, donna une légère secousse à la table, la tête du pouding s’inclina de son côté et il lui cria : how do you do ? La pyramide une fois mise en mouvement salua tous les convives, qui lui crièrent en riant, how do you do ?

— Je savais bien, dit notre amphitryon, que la vue de ce superbe plumpudding vous réjouirait le cœur.

Il avait deviné juste, et je suis certain que mon vieil ami, Monsieur le Juge Thompson, n’a pas oublié plus que moi le fameux plumpudding.

Mais je reviens à Justin McCarthy, dont l’histoire est une mine inépuisable. Nous étions en vacances à Saint-Joachim, et Justin demandait souvent à notre directeur, Monsieur Demers, qu’il lui fût permis de chasser, mais la réponse était toujours défavorable. McCarthy n’était âgé que de quatorze ans et l’usage des armes à feu lui était interdit par les règlements du séminaire. Après maints refus, Monsieur Demers lui dit un jour que si Moquin voulait lui prêter son fusil, il consentirait à le laisser chasser, mais une fois seulement. Moquin qui était dans le secret y consent aussitôt.

Justin, toujours méfiant et craignant une mystification, attendit qu’il fût éloigné pour s’assurer si son arme était en bon ordre. Il souffla dans le canon du fusil, la lumière était libre. Il met de la poudre dans le bassinet, tire la gâchette, la pierre fait jaillir plusieurs étincelles, mais la poudre refuse de s’enflammer : le fusil rate trois à quatre fois de suite. McCarthy mit