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journées entières couchés dans leurs cabanes à se livrer à ce jeu qu’ils ont appris des blancs.


JOSEPH PAINCHAUD.


Monsieur le docteur Painchaud a commencé et terminé son cours d’étude dans les mêmes classes que moi : tel il était pendant son enfance, tel il est encore aujourd’hui : gai, spirituel, mordant, aimable, tournant tout en ridicule, même les choses les plus sérieuses. On lui reprochait, par-ci par-là, d’être un peu excentrique : qu’il me pardonne le mot : vieux amis, nous ne sommes pas hommes, après un commerce d’amitié, sans nuage, de soixante-et-six ans, à nous brouiller pour si peu de choses. Certes, je ne voudrais pas pour tout au monde qu’il le prit en mauvaise part : c’est un rude athlète que monsieur le docteur Painchaud, et je serais certain de m’en retirer avec les étrivières. Mais je n’ai rien à craindre de ce côté là ; si Painchaud, l’éternel railleur, distribuait les épigrammes à droite et à gauche, il était le premier à rire des traits qu’on lui décochait. Je ne lui ai jamais connu un moment de mauvaise humeur pendant tout le cours de nos études, ni après.

Si nous portions la croix d’honneur attachée au côté droit, Painchaud la portait au côté gauche ; si nous la portions du côté gauche pour l’imiter, il trouvait le tour de l’accrocher l’hiver à la palette de son casque où à son chapeau pendant l’été. Si nous recevions les férules de la main droite, il tendait la main gauche quoique plus tendre pour endurer ce supplice. Si nous portions la ceinture haute, il la portait en bas des