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Trop de gens ont ce tort qu’on ne peut excuser,
Et tel parle fort bien, qui ne sait pas causer.
Cet art a fait long-temps le charme de la France,
L’urbanité, le goût, les grâces, l’élégance
D’un esprit toujours vif, animaient la gaîté ;
Ce temps est loin de nous, la triste gravité
Met par-tout à la mode, en dépit des critiques,
Les reversis bourgeois, les wisks soporifiques,
Et l’avide intérêt fait, doublant ses tributs,
Du temple des plaisirs, le comptoir de Plutus.
Mais du jeu, cependant, je conçois la manie,
Elle peut dispenser de savoir, de génie ;
Le jeu met de niveau l’ignorance et le goût,
Il faut peu de talent pour risquer un va-tout.
Ah ! que j’aimais bien mieux ces aimables soirées,
Qui, sans aucun effort, s’écoulaient consacrées
Au noble amusement d’occuper son loisir !
L’instruction semblait éclore du plaisir.
Quel charme d’assister à ces luttes polies,
Où l’éclair de l’esprit, où le feu des saillies.