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Pareille aux Dieux, dont le généreux flanc,
Qu’un parfum rassasie,
Sentait courir sous la chair, non du sang,
Mais un flot d’ambroisie,

On voit frémir un rayon embaumé
Sur ton sein d’héroïne,
Et l’on sent bien que ton corps est formé
D’une essence divine.

Comme Cypris, qui porte un ciel d’amour
Dans son âme étoilée,
Et qui, malgré ses délires d’un jour,
Demeure inviolée,

Cruelle et rose et répandant l’effroi,
Femme au front de Déesse,
Tu sais que rien ne peut faner en toi
L’immortelle jeunesse.

Tu vois nos maux d’un œil indifférent,
Car tes attraits insignes
Sont invaincus plus que l’eau du torrent
Et la plume des cygnes ;

Et tant d’amours, hélas ! faits pour flétrir
Leur fraîcheur matinale,
Ô mon trésor, n’ont pas pu défleurir
Ta grâce virginale.


Février 1861.