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ODELETTES


IV

Reprends-les, ce divin sourire
Et ce verre où ta lèvre but,
Car voici l’heure de te dire,
Maître, non : Adieu, mais : Salut

Oui, sois le bienvenu, poëte,
Parmi ceux que nomme les siens
La Muse qui fut leur conquête ;
Car tu ne t’en vas pas, tu viens !

Fier de ton renom qui te vante,
Tu viens vers la postérité,
Ayant sur ta lèvre vivante
L’inéluctable vérité,

Et dans ta main mystérieuse
Apportant, vainqueur du tombeau,
Toute une œuvre victorieuse
Où resplendit l’éclat du Beau !

Au festin de la poésie,
Où chacun, levant son bras nu,
Boit le nectar et l’ambroisie,
Ô chanteur, sois le bienvenu !