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sont grands et bien tournés, est une satire des plus licencieuses contre les mœurs de nos évêques.

14. — On ne cesse de parler de Rousseau, et de raconter les circonstances de son évasion. On prétend qu’il ne voulait point absolument partir, qu’il s’obstinait à comparoir ; que M. le prince de Conti lui ayant fait là-dessus les instances les plus pressantes et les plus tendres, cet auteur avait demandé à S. A. ce qu’il lui en pouvait arriver, en ajoutant qu’il aimait autant vivre à la Bastille ou à Vincennes, que partout ailleurs ; qu’il voulait soutenir la vérité, etc. ; que le prince lui ayant fait entendre qu’il y allait non-seulement de la prison, mais encore du bûcher, le stoïcisme de Rousseau s’était ému ; sur quoi le prince avait repris : « Vous n’êtes point encore assez philosophe, mon ami, pour soutenir une pareille épreuve ; » et que, là-dessus, on l’avait emballé et fait partir[1].

16. — M. l’abbé Chauvelin a reçu une lettre anonyme de Genève sur les Jésuites. C’est une plaisanterie légère qu’on présume sortir de la plume de M. de Voltaire[2].

17. — Il court une lettre de M. l’évêque du Puy au roi, du 16 avril 1762[3]. C’est une déclamation en faveur des Jésuites, écrite d’un style amer et peu forte de raisonnemens.

  1. On voit, par une lettre de Rousseau à M. Moultou, en date du 15 juin 1762, que ce ne furent point les appréhensions qu’il conçut pour sa sûreté personnelle qui le déterminèrent à quitter la France, mais bien la crainte de compromettre des personnes qui, pour l’amour de lui, s’étaient intéressées à la publication de son livre. — R.
  2. Cette lettre, que Wagnière reconnaît être de Voltaire, n’a jusqu’à présent été recueillie dans aucune édition de ses Œuvres. — R.
  3. Lettre écrite au roi par M. l’épêque D. P. sur l’affaire des Jésuites, 1762, in-12, de 43 pages. V. 7 septembre 1767. — R.