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par M. Chevrier, un volume in-12. Ce livre est de la plus grande rareté. Le gouvernement n’a point voulu en permettre ni tolérer l’introduction en France, ce qui désole les libraires, l’ouvrage étant assuré du plus grand débit par les atroces médisances ou calomnies dont il est farci. L’impudent écrivain y nomme sans égard les gens par leur nom. À travers toutes les infamies dont sa satire est pleine, il se trouve quelques anecdotes assez amusantes. On en lit une sur un vers de Mariamne de M. de Voltaire, qui fait rire. Madame la maréchale de Villars ayant ouï dire que cette tragédie était meilleure sous sa premiere forme, en demanda une lecture à son auteur, qui était de cet avis. Quand il en fut aux fureurs d’Hérode, après avoir empoisonné Mariamne, il appuya beaucoup sur ce vers que dit le prince, en l’exhortant à vivre :


Vis pour toi, vis pour moi, vis pour nos chers enfans…


le poète exhala si pathétiquement cette exclamation, que la maréchale attendrie se mit à pleurer : « Ne vous affligez pas, madame, lui dit le prêtre Mac Carthy, il y en aura pour tout le monde[1]. »

18. — La Mort d’Adam, tragédie en trois actes, traduite de l’allemand, de M. Klopstock, avec des réflexions préliminaires sur cette pièce, par un anonyme (l’abbé Roman), un volume in-12.

Cette traductition en prose ne répond point à la sublime idée qu’on donne de l’original dans le discours préliminaire, où l’on exalte ce drame comme un chef-d’œu-

  1. Le premier dénouement de la tragédie de Mariamne, où se trouvait le vers cité par Chevrier, n’existe plus » — R.