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dans ce mois-ci, paraîtra régulièrement tous les mardis et samedis. C’est un homme qui laisse errer sa plume sur toutes sortes de sujets : il voudrait imiter le Spectateur Anglais. Il dit que s’il lui arrive de raisonner, ce sera de la prose qu’il aura faite sans le savoir, et en cela il s’éloigne beaucoup de son modèle. L’auteur est M. le chevalier Brueix, ci-devant associé au Conservateur avec M. Turben.

15. — Il se répand une parodie d’une ariette du Maréchal, opéra-comique, sur M. le maréchal prince de Soubise.


Je suis un pauvre maréchal,
Et je redeviens général
Depuis que Broglie en son village
Est renvoyé par Pompadour[1] :
Mais si j’abandonne la cour,
J’y reviendrai, selon l’usage,
J’yTôt, tôt, tôt, battez chaud,
J’yTôt, tôt, tôt, bon courage,
Y faire admirer mon ouvrage.

17. — On a donné aujourd’hui la première représentation de Zaruckma, tragédie du sieur Cordier, acteur de province. La mauvaise opinion qu’on en avait lui a valu un succès assez considérable. C’est une pièce d’une intrigue très-pénible, dans le goût d’Héraclius. Le moderne auteur paraît avoir cherché à se bâtir, comme Corneille, un labyrinthe immense ; mais il n’en sort pas, à beaucoup près, avec l’adresse, l’agilité de son devancier. Le dénouement est misérable. Nous en parlerons plus au long une seconde fois.

  1. V. 20 février 1762. — R.