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une tragédie toute prête[1]. Nous remarquons dans cet auteur un ton décidé, qui est ordinairement l’indice des talens médiocres : il tranche sans difficulté sur les plus grands hommes.

3. — Julie, ou le Triomphe de l’Amitié, comédie en trois actes et en prose. Cette pièce a été jouée aujourd’hui pour la première et dernière fois.

La scène est dans une espèce d’hôtellerie, où logent différens personnages, entre autres un jeune étourdi qui a enlevé une demoiselle et l’a épousée. Ils sont dans la dernière misère : l’hôtesse veut les renvoyer ; un ami du mari a la générosité de payer leurs dettes, et de pourvoir à leurs besoins. Pour ménager leur amour-propre, il use de détours qui font naître et fomentent la jalousie de son ami ; une explication aurait bientôt éclairci le tout, mais la pièce finirait trop tôt. Des incidens, des personnages postiches prolongent le dénouement : à la fin tout s’éclaircit, et le mari reconnaît l’innocence et la grandeur d’âme de son bienfaiteur.

Cette pièce est de M. Marin, auteur d’une Histoire de Saladinn, de différentes autres brochures, et successeur de Crébillon à la censure de la police.

4. — M. de Marmontel a mis aussi Annette et Lubin en opéra comique[2] ; M. de La Borde a fait la musique. On prétend que cet ouvrage ne peut se présenter sur la scène. Annette y paraît grosse à pleine ceinture, et il y a un interrogatoire du bailli des plus gras. On assure qu’il sera joué à Choisy[3].

  1. V. 6 février 1765. — R.
  2. 15 février 1762. — R.
  3. Malfilâtre, ainsi que nous l’apprent un de ses biographes » avait aussi composé une petite pièce d’Annette et Lubin. Il parait qu’elle n’a été ni jouée,