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OCTOBRE 1765

souffle fait évaporer : c’est la quintessence la plus subtile des énormes in-folio écrits sur cette matière ; elle n’a que quarante-huit pages, et renferme, en un court espace, tout le poison répandu dans les divers matérialistes qui ont écrit depuis Démocrite, Lucrèce, etc. Elle contient quatre sections, qui traitent de l’étendue, des astres, des êtres pensans, et de la fatalité. Quoiqu’il ne paraisse pas y avoir une grande connexité dans le tout, les assertions que contient le livre sont très-fortes et difficiles à réfuter. Il y a une Épître à messieurs les docteurs en us ; plaisanterie plate, indigne d’un sujet aussi grave.

24. — Les nouveautés de Fontainebleau continuent ; on y a donné aujourd’hui Palmire, opéra en un acte, dont les paroles sont de M. le duc de La Vallière, et la musique de M. de Bury. Un grand-prêtre, qui abuse de la crédulité d’une jeune princesse pour se substituer à un jeune héros qu’elle aime, forme le fonds de toute l’intrigue, qui donne lieu à quelques traits hardis sur les prêtres. En général, les paroles ne sont point mauvaises. La musique a eu besoin de tout le secours de l’art de Jeliotte pour se soutenir : elle est médiocre et n’est pas neuve. À la suite vient un ballet-pantomime héroïque, intitulé Diane et Endymion, ou la Vengeance de l’Amour. On y remarque une intelligence et une exécution intéressante, qui font beaucoup d’honneur à l’invention de l’auteur et aux danseurs. Les décorations en sont charmantes et très-bien entendues. La première, qui représente les Amours forgeant, quoique bien inférieure à la richesse et à l’élégance du Temple de la lune, offre des détails neufs, très-agréables et plus piquans pour les gens de goût.