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MÉMOIRES SECRETS

intitulé Mes doutes. Il roule sur la religion, et présente, sous une face aussi nouvelle que modeste, une foule d’argumens qu’on n’a point encore épuisés. La clarté, la méthode et la simplicité de cet ouvrage, le rendent fort dangereux pour les gens qui examinent de sang-froid et sans prévention.

6. — Il paraît un nouvel Éloge de René Descartes, par l’auteur de Camédris, c’est-à-dire par mademoiselle Mazarelli. On sent combien cette tâche est au-dessus des forces de la plume faible et sèche d’une courtisane. Cet Éloge n’a point concouru, dit-on.

7. — Les Italiens ont donné aujourd’hui la première représentation du Petit-Maître en province, comédie en un acte et en vers, mêlée d’ariettes. Les paroles sont de M. Harni, et la musique de M. Alexandre. Quant au drame, c’est un croquis faible et estropié du Méchant. Il y a pourtant quelques endroits qui méritent des louanges. La scène du jardinier et la lettre du dénouement sont des traits fort heureux. Ce dernier se fait par une lettre, ressort trivial et usé, mais dont l’auteur a tiré parti en homme de génie, en ménageant adroitement une suspension fondée sur le caractère même du héros principal. La musique n’a rien de caractéristique, et est d’un genre médiocre.

8. — L’Anti-Contrat Social, par M. P. L. de Beauclair, citoyen du monde. La Haye, 1764, in-8o.

Ce livre, où l’auteur a voulu mettre un ton plaisant et cavalier, est une critique fort au-dessous de Rousseau ; il y a cependant quelques endroits pensés assez fortement. Il est en général peu neuf et ne réfute en rien son adversaire.

9. — M. l’abbé Aubert, l’auteur des Fables, vient de