Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/338

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
317
SEPTEMBRE 1764

une comédie française, intitulée le bon Tuteur. Elle est de M. de La Grange, en trois actes et en vers. C’est une pièce italienne de Goldoni, que le premier a voulu accommoder à notre théâtre ; il paraît qu’il a manqué son objet. La pièce de Goldoni, sans être la meilleure qu’il ait faite, a de l’intérêt, du naturel, et quelques incidens heureux. Le second glace tout de son froid mortel, et l’auteur est lui-même très-mécontent de son traducteur.

21. — M. Barthe a lu ces jours-ci aux Français une nouvelle pièce en un acte, intitulée les Deux Cousines. La pièce a paru froide et n’a eu que trois voix : celles de mademoiselle Doligny, de madame Préville et de Molé ; l’une parce que c’est son héroïne, et qu’il lui fait sa cour ; l’autre parce qu’elle se flattait de jouer un rôle considérable dans la pièce, et l’acteur, parce qu’il est l’ami intime du poète. M. Barthe ne se regarde point comme battu, et prétend en rappeler tôt ou tard.

22. — Nous venons de lire le Dictionnaire Philosophique portatif de M. de Voltaire. C’est un réchauffé de tout ce qu’on a écrit contre la religion. Quelques articles sont raisonnés et soutenus d’argumens forts et difficiles à résoudre, mais empruntés de différens philosophes dans plusieurs endroits. Le controversiste s’est servi du ridiculum acri, et l’on sait que ce sont les armes que manie le plus adroitement M. de Voltaire. Cet ouvrage fait encore plus d’honneur à sa mémoire qu’à son jugement.

23. — M. Rochon de Chabannes a donné une suite à sa première pièce de la Matinée à la mode. L’Avant-Coureur du 17 de ce mois, en rendant compte de la Soirée, annonce la méridienne de cet auteur. Il assure qu’on y trouvera sûrement de la bonne gaieté.

Cet auteur s’étant attaché au char de mademoiselle