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MÉMOIRES SECRETS

une grànde impartialité, et toute la véracité que demande le genre. On y trouve une épitaphe glorieuse de François de Montmorency, si regretté par Henri III, faite par le fameux de Thou.

ultimus hutriedum, pietate insignis et armis,
franciscus jacet hoc quoi gallia tota sepulchro !

Suivant cette Histoire, il y a actuellement six branches existantes de la maison de Montmorency.

20. — On prétend aujourd’hui que le Cromwell[1] qui passe pour être de M. Duclairon n’est pas de lui. Quelques littérateurs se rappellent en avoir entendu lire trois actes à feu M. Morand. La liaison intime qui existait entre ces deux poètes fait présumer que M. Duclairon pourrait bien s’être approprié le manuscrit de son ami : la suite justifiera s’il était en état de faire une tragédie semblable à celle-ci, telle qu’elle est. Il travaille actuellement à Tigrane.

22. — Nous apprenons par une lettre de Neufchâtel que Rousseau est toujours aux environs de cette ville. Il y fait des lacets, et dit qu’il devient femme puisqu’on ne veut pas qu’il soit homme. Il passe les soirées avec une espèce de fermier qu’il a affectionné. Quand il entre chez ce bonhomme, il souffle la chandelle de celui-ci, et la rallume à la sienne quand il veut revenir, sans doute pour faire tout au rebours des autres.

23. — On annonce incessamment pour nouveauté une tragédie intitulée les Triumvirs : il paraît que l’auteur veut garder l’incognito. On dit à l’ordinaire qu’il y a de très-belles choses, entre autres une scène pompeuse où se fait le partage du monde. Le bruit le plus vraisemblable

  1. V. 7 juin 1764. — R.